18 juin 1915 : Ernest Brignol, la guerre a besoin d’hommes

Ernest Brignol

Il est le né le 3 janvier 1895 de Jean-Baptiste et de Augustine Croutzet.

Il aurait du être incorporé en octobre 1915 mais pour éviter la pénurie d’hommes la classe 15 est appelé  avec 11 mois d’avance c’est ainsi qu’il est sous les drapeaux dès décembre 14. En septembre, lors du recensement, il était garçon de café à l’hôtel du Globe, rue Pigalle à Paris. Après avoir fait 3 mois de classe au 6e RI de Saintes, il intègre le 16 mars le 166e RI de Verdun.

Depuis septembre 1914 le 166e est dans la Woëvre.  Pendant de longs mois, il ne quittera plus la plaine marécageuse de la Woëvre. Un rôle obscur, une tâche austère vont lui être départis. Il sera chargé de garder et d’organiser les avancées des villages de Pintheville et de Riaville. Avec l’hiver commence une douloureuse faction dans la boue glacée. Dans un terrain où le moindre coup de pioche faisait affleurer une eau sournoise, il ne fallait pas songer à creuser des tranchées ni des abris. Pour se protéger des balles, on se contentait d’une simple gabionnade et, contre le terrible crapouillot qui fait bientôt son apparition, l’on n’avait guère d’autre protection que deux doigts de terre sur une mauvaise claie.

Le 18 mars 1915, ordre nous est donné d’enlever le village de Marcheville. Le 1er bataillon réussit à prendre pied dans la première tranchée allemande, mais il en est rejeté par une contre-attaque. Nouvelle tentative, le 27 du même mois, par le 3e bataillon; mais le succès ne vient pas récompenser le mérite d’un combat entrepris avec confiance et mené avec un entrain qui resteront l’honneur des anciens combattants du 166e. Les 11e et 12e compagnies sont citées à l’ordre du jour.
Le 8 avril 1915, nous sommes de nouveau appelés à sauter le parapet. Il fallait opérer une diversion destinée à assurer le succès de l’attaque de la redoutable et légendaire crête des Éparges. Par une nuit sombre, sur un terrain détrempé par les pluies et coupé de réseaux de fil de fer, le 2e bataillon se lance contre la cote 233, mais tombe, presque au but, sous les fusils et les mitrailleuses de l’ennemi. Attaque meurtrière et sans gloire dont le fruit, cependant, fut recueilli par nos voisins : les vainqueurs des Éparges.
Pendant quatre mois encore, le régiment, fort éprouvé, défendra le secteur de Riaville, au nom peu retentissant et qui ne connut guère les honneurs du communiqué. Et pourtant, il nous avait coûté des pertes douloureuses et il avait exigé du 166e une endurance peu commune et un inébranlable esprit de fidélité à l’accomplissement du devoir obscur, sans panache, sans récompense visible, fidélité pourtant la plus difficile de toutes. (Historique du 166e RI)

Tous les jours quelques hommes meurent ou sont blessés. Le 17 juin, on dénombre 2 tués et 17 blessés. Le 18, le nuit est assez calme, quelques bombes tombent sur les tranchées, la journée est très calme. Un seul homme est tué : Ernest Brignol.

Il repose dans la nécropole de Duzy-Darmont (55).

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron et sur la plaque de l’église de la cathédrale Sainte-Marie.