2 octobre 1914 : Joseph Bordenave, Armand Manciet, des instituteurs dans la tourmente

Joseph Bordenave

Joseph Jean Baptiste Bordenave est né le 25 avril 1893, 7 rue de la Mielle, de Joseph, sellier et de Catherine Queheillard couturière. Son frère Auguste, né en 1889, mourra lui le 5 octobre 1918.

Au moment de son recensement, Joseph Bordenave est instituteur à Bergouey dans le canton de Bidache (64). Il est incorporé pour son service militaire le 27 novembre 1913 au 3e Régiment d’infanterie coloniale. Le 2 août, le régiment est appelé à la mobilisation. Le 7 août, le RI quitte Rochefort en trois trains.

Le 15 septembre, l’effectif du régiment est de 38 officiers et de 2173 hommes de troupe.  La  poursuite s’est arrêté à proximité de Ville-sur-Tourbe, les hommes ont commencé à creuser des tranchées tout en essayant d’avancer et de déloger les Allemands qui occupent les hauteurs de Cernay en Dormois.

Fin septembre, le régiment reçoit l’ordre de se porter à l’attaque sur les objectifs La Briqueterie, la ferme de Touanges, Cernay en Dormois. Sa zone d’action est limitée à l’ouest par la ligne Ville sur Tourbe, lisière ouest du Bois de l’échelle (JMO). Le rédacteur du JMO indique d’une manière véhémente les conditions dans lesquelles se sont trouvés les troupes : «  Les nuits du 29 au 30 et du 30 au 1er, le régiment menacé d’une attaque de nuit a veillé en entier bien qu’un service de quart ait été organisé, dans la nuit du 1er au 2 octobre il a repoussé une très violente attaque et a encore veillé ; il a posé des fils de fer, renforcé les tranchées… Les 3 journées correspondantes, il a subi le feu ininterrompu de l’adversaire, 40% de l’effectif est atteint de diarrhée et espère se reposer dans la journée, comme chef de corps tout en étant fier de mes hommes j’ai le devoir de constater que ce manque de sommeil et ces déplacements seraient une cause de déperdition de force si cela persistait. »

Joseph Bordenave vivait donc cet enfer lorsqu’il est tué le 2 octobre. Le JMO poursuit ainsi le récit des attaques où il a succombé : « L’artillerie française se taisant, a laissé l’adversaire diriger à loisir son feu sur notre infanterie, un 1er projectile pénètre dans un abri pour mitrailleuses et met 7 hommes hors de combat, 2 autres projectiles tombent sur une tranchée tuant ou blessant 17 hommes, 3 coups de canon percutant sont seuls la cause des pertes dans la journée, vulnérabilité indépendante de la nature des tranchées. »

Perte du 2 octobre : 6 hommes de troupe tués dont J. Bordenave,  22 blessés, 5 contusionnés.

Pendant 65 jours le régiment, dans une guerre de taupes comme dit l’historique du 3e RIC , tiendra le secteur de Ville sur Tourbe avec le 7e RIC. La petite ville sera réduite en ruines et le terrain environnant labouré de marmites. On a compté 180 entonnoirs dans un cercle de cent mètres de rayon.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron, sur la plaque de la cathédrale Sainte-Marie et dans le Livre d’or de l’Ecole de Sainte-Marie (école Saint-Cricq aujourd’hui)

 

Armand Manciet

Pierre Armand est né le 9 Juillet 1880 à Pujol-Cazalet dans les Landes. Ses parents, Jean Marcel et Maria Cadillon demeurent à Classun dans le canton d’ Aire-sur-Adour. Après des études à l’Ecole Normale, il est nommé instituteur et exercera son métier à Aire, Dax et Mauléon avant de devenir inspecteur primaire à Oloron.

Son statut de futur professeur lui permet de faire qu’un an de service militaire  (14 novembre 1901 au 30 septembre 1902)  mais il doit en contrepartie effectuer trois  périodes d’exercices. Durant sa  disponibilité ou sa réserve de l’active, il monte en grade : caporal, puis sergent dans le 18e Ri, et enfin il passe dans le 7e RI coloniale où il est nommé adjudant le 18 septembre 1910. La mobilisation générale le ramène au 18e RI.   Le 26 septembre, il arrive du dépôt  avec 1000 hommes et  monte en ligne sur le Chemin des Dames.

Le 30 septembre, le commandement de la 72e Brigade décide d’envoyer des Compagnies pour faire des « reconnaissances offensives afin de s’assurer que les Allemands ne dégarnissent pas le front ». A 8h du matin, la 5e et 6e Compagnies du 18e RI partent vers le Moulin de Vaucler. Ces deux compagnies se replient vers 12 h après avoir perdu 30 hommes. » (JMO de la 72e Brigade). Le lendemain, «  le feu est moins violent ».  Le 2, la situation est inchangée, les hommes sont toujours dans les tranchées et les bombardements continus. Le soir, le régiment va au repos à Glennes. Dans la journée Armand  Manciet a été tué.

Son décès est relaté par le « Glaneur d’ Oloron » qui lui rend hommage : « Un nom glorieux de plus vient de s’inscrire au livre d’Or de l’Université. C’est celui d’Armand Manciet,  inspecteur primaire à Oloron. Parti de Pau le  22 septembre 1914, il est tombé comme adjudant de la 3e compagnie  du 18e RI devant l’ennemi au cours de la journée du 2 octobre14 , alors que spontanément il faisait relever le corps d’un de ses collègues du régiment, instituteur public des Basses-Pyrénées. C’est une perte cruelle pour le personnel enseignant béarnais et basque dont Mr Manciet était un chef unanimement apprécié pour sa distinction, sa loyauté et son profond dévouement. Fonctionnaire modèle et chef impeccable, Mr Manciet est mort en héros. »…

Son décès est transcrit le 11 mars 1915 à Classun ( Landes).

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron et dans le Livre d’Or de l’Université.