22 août 1914 : Nicolas Touzet, Pierre Darricades, Joseph Esposito, Bernard Briscou

L’essentiel du contingent allemand avance vers la Belgique pour rentrer en France par le Nord et non par l’Alsace comme prévu par les plans militaires français. L’Etat-major décide alors de déplacer des troupes vers la frontière belge pour consolider l’effectif déjà en place et pour couper la route aux armées allemandes en passant par les Ardennes belges.  Le 22 août trois Corps d’armés, le 12e (Limoges), le 17e (Toulouse)  et la 3e Division du corps colonial  franchissent la frontière.  Le Corps colonial doit s’avancer sur une seule colonne vers Neufchâteau. L’itinéraire prévu passe par Saint-Vincent, Breuvanne, où il faut franchir la Semois et Rossignol. 

L’étape prévue était d’une quarantaine de kilomètres; personne ne semblait, ni au sein du Corps d’Armée ni de la division, croire à un engagement sérieux avant le lendemain ou le surlendemain : les aviateurs avaient signalé l’avant-veille seulement, et au-delà de Neufchâteau, des colonnes ennemies défilant vers le nord-ouest. L’Etat-major espérait sans doute, qu’une avance rapide pouvait surprendre l’ennemi en pleine manœuvre et l’attaquer sur son flanc.

Vers 7 h30, la tête de l’avant-garde va dépasser le village de Rossignol et s’engager dans la forêt de Neufchâteau, lorsque des coups de feu partent d’un petit bois à l’ouest de la route, simple engagement de patrouilles, pense-on. La cavalerie en fait son affaire et poursuit l’ennemi pendant que le premier bataillon du 1er colonial avance dans le bois. Cependant, à moins d’un kilomètre de la lisière, les dragons sont arrêtés par une vive fusillade et obligés de mettre pied à terre, les taillis à droite et à gauche de la route étant impraticables.

L’infanterie intervient mais elle se heurte presque aussitôt à des tranchées dissimulées dans la forêt et défendues par de l’infanterie avec des mitrailleuses. Une lutte très violente s’engage ; les tranchées les plus proches sont enlevées à la baïonnette ; mais sur la route qu’on n’arrive pas à dégager assez vite, les unités de soutien se trouvent exposées à des feux d’enfilade et subissent en quelques instants des pertes importantes. Les combats font rage dans les bois. Il n’y a bientôt plus à l’avant-garde aucune troupe fraîche disponible ; les trois chefs de bataillon sont tombés et, avec eux, beaucoup d’officiers et de soldats.

 Vers 9h, le 3e RIC, qui marchait en milieu de colonne, est lui proche de Saint-Vincent. A la sortie du village il est surpris par l’artillerie allemande. Comprenant que l’engagement est proche le général commandant la 3e Brigade ordonne d’intercaler des éléments d’infanterie dans la colonne d’artillerie pour la protéger mais la route est étroite et la manœuvre difficile sous les feux ennemi. L’opération est presque exécutée quand un nouvel ordre ordonne : « de faire marcher tout le régiment en direction de Rossignol avec l’artillerie ». Il faut aller prêter main-forte au 1er RIC. A midi, seul un bataillon du 3e RIC a réussi à franchir la Sémois à Breuvanne. Mais à peine les sections ont elles franchi le pont, l’une après l’autre au pas de course, que le pont est détruit. Les autres bataillons sont immobilisés sous le feu « recevant des coups de toutes parts mais ne pouvant en rendre que très peu, l’ennemi demeurant derrière ses abris… le 2e et le 1er bataillon sont presque cernés sur leurs positions. On ne peut songer à recevoir des renforts ou du ravitaillement. » Tout l’après-midi les bataillons sont soumis de tous côtés sauf au sud à un feu continuel et les cinq escadrons, sept bataillons dont celui du 3e RIC, trois groupes qui sont à Rossignol, attendront toute la journée un secours qui n’arrivera pas.

Le soir, les rescapés des deux bataillons du 3e RIC qui étaient resté au sud de la Sémois réussissent à rejoindre les lignes françaises, il manque 2025 hommes, tués, blessés ou disparus.

Pendant ce temps le 7e RIC, maintenu en réserve à Saint-Vincent, est chargé de protéger le village des Allemands qui commencent à arriver du Nord-Est. Malgré les efforts des compagnies de mitrailleuses, l’ennemi continu à avancer et réussit à prendre pied dans des tranchées qu’il avait préparé à l’avance à la base des collines puis à progresser jusqu’au village qui doit être abandonné. Les combats autour de Saint-Vincent auront duré cinq heures, 29 officiers et 946 hommes de troupes sont tués ou portés disparus, 316 sont blessés.

 

Nicolas TOUZET 

Il est né le 27 avril 1888 à Buenos-Aires (Argentine) de Joseph et Jeanne Combret. De retour en France, la famille s’installa dans le quartier Sainte-Marie. Il est le frère de Domingo Touzet, lui-même soldat de la grande guerre, qui trouvera la mort le 23 octobre 1915.

Nicolas a suivi la scolarité de l’école primaire de Sainte-Marie (école Saint-Cricq) et savait lire, écrire et compter. Il exerçait la profession d’homme d’équipe. Au conseil de révision de l’année 1909, il est reconnu Bon pour le service et il s’engage pour deux ans dans l’Infanterie coloniale. Il combat au Maroc sous les murs de Fès. La mobilisation générale du 2 août 1914 le rappelle sous les drapeaux, au 3e RIC, Il disparaît lors des combats de Rossignol.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron et dans le Livre d’or de l’école de Sainte-Marie

Pierre DARRICADES 

Pierre Darricades est originaire du Bouscat en Gironde où il naquit le 18 août 1888 de Maximien et de Catherine Mercé. A 20 ans, il mesure 1m72, ses cheveux sont châtain, ses yeux marron, il a le nez aquilin ainsi que le décrit le rédacteur de sa fiche matricule en 1908. Pierre, employé de commerce, part au service militaire le 1er novembre 1909 dans le bataillon d’infanterie de l’Afrique occidentale. Il y restera jusqu’au 1er septembre 1910 et vit à Dakar ensuite. En juin 1913, il revient à Bordeaux où résidaient ses parents et va intégrer le 3e RIC. C’est avec ce régiment qu’il commence la guerre le 3 août 1914.

Pierre Darricades fait partie des hommes tombés à Rossignol qui furent identifiés et enterrés par les allemands. Il a été inhumé au cimetière du Plateau à Rossignol, tombe 812.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron, sur celui de Bordeaux et sur la plaque de l’église de St Pée d’Oloron

 Joseph ESPOSITO 

Les parents de Joseph Esposito sont espagnols, originaires de la province de Huesca. Le 22 juin 1892, lorsque naît Joseph, ils vivent maison Noguez, 9 rue Adoue à Oloron. Dionisio, son père est journalier, sa mère Marie-Albine Ruiz-Fernandez, sans profession. A 20 ans en 1912, Joseph est garçon de café à Paris. Il mesure 1m 63, a les cheveux noirs et les yeux marron, un visage long et un nez rectiligne. Il est incorporé le 28 novembre1913 au 7e RIC .

Tué à Saint-Vincent, son corps a cependant été retrouvé puisqu’il est inhumé à la Nécropole Nationale de l’Orée de la Forêt à Rossignol (Belgique). Sa tombe porte le numéro 184.

BRISCOU Bernard

Il est né le 16 novembre 1892. Ses parents, Victor, cordonnier et Gracieuse Mestejanot couturière, sont domiciliés 57 rue Camou. Il est comme son père cordonnier de profession.Faisant partie de la classe 1912, il est incorporé à compter du 9 octobre 1913. Sous les drapeaux lors de la déclaration de guerre, il part aux armées le 7 août avec le 7e RIC. Il disparaît le 22 août à Saint-Vincent. Son décès fut transcrit seulement le 20 mai 1920 à Oloron-Sainte-Marie 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron et sur la plaque de l’église Notre-Dame