23 septembre 1915 : le clairon Jean-Baptiste Lahut s’est tu

Jean-Baptiste Lahut

Jean-Baptiste est né le 18 décembre 1880 de Jean Léonce, charpentier et de Thérèse Crapuchettes, couturière, alors domiciliés rue Sainte-Barbe (aujourd’hui rue Casamayor-Dufau).

Lors de son incorporation,  le 1er novembre 1901, il exerce la profession de roulier c’est-à-dire qu’il transporte des marchandises avec sa carriole. Après ses deux années de services obligatoires, il signe un engagement de 5 ans dans l’infanterie coloniale. Il part ainsi faire campagne au Tonkin et en Cochinchine. En 1908, peut-être déjà musicien dans le civil, il devient soldat clairon. Le clairon a  un rôle important à cette époque celui de « transmetteur ». En effet les sonneries réglementaires sont un moyen de transmettre les ordres : charge, cessez le feu, au drapeau etc. mais aussi la soupe ou la sieste  (obligatoire dans la Coloniale).  Le 1er novembre 1909, il est enfin libéré de son engagement et passe dans la réserve de l’armée active. Le 12 septembre de la même année il avait épousé Lucie Crouxet.  En mai 1910, le couple s’installe en Charente-Maritime, d’abord à Tonnay-Charente  puis à La Rochelle.

La mobilisation le rappelle sous les drapeaux avec le 87 RI mais la création du 3e Régiment mixte de marche de l’Infanterie coloniale au printemps 1915 le ramène dans la Coloniale où il retrouve sa fonction de clairon.

Parti de Fréjus, le régiment arrive, à la mi-juillet, à Suippes. Il est d’abord employé à la construction de boyaux permettant les liaisons entre les différentes tranchées. Tous les jours, les bombardements et les balles allemandes font quelques morts et blessés. Le 7 août, le 3e RMIC prend la désignation de 53e RIC.  Les hommes alternent des périodes de travaux à proximités des premières lignes et des moments de repos, à l’arrière, au bivouac.

la dépeche clairon

 Le 23 septembre, une attaque générale est déclenchée. Elle a pour but d’enlever des ouvrages allemands situés au nord-ouest de Souain. A 9h30, au son du clairon, les bataillons sortent des tranchées et se précipitent vers les réseaux de barbelés sous un feu violent de mitrailleuses. Les blessés, très nombreux, refluent vers l’arrière, empêchant les autres bataillons de sortir à leur tour. En quelques heures, sous les bombardements et les gaz asphyxiants,  22 officiers sur 47 et 1028 soldats sur 2500 du 53e RIC sont tués, blessés ou portés disparus.  La plupart faisait partie de la classe 15 et n’avaient jamais connu  le feu.

Jean-Baptiste Lahut bien que vétéran disparaît aussi ce jour-là.  Peut-être mortellement atteint en sonnant la charge.  Son décès sera constaté sur le champs de bataille le 22 octobre mais transcrit sur les registres de la ville d’Oloron-Sainte-Marie seulement le 7 mars 1918.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron-Sainte-Marie

 

Le clairon de Paul Déroulède chanté  par Henri Weber