Mora Gilbert

Gilbert Jean Maurice Mora est né le 5 novembre 1914 à Oloron de Jean-Baptiste et de Marie Fourcade. Il effectue sa scolarité au collège St-Joseph d’Oloron.
Sergent au 14e RI, il intègre le 11e régiment d’infanterie lorsque celui-ci est formé le 9 septembre 1939. Le 11e RI appartient avec le 123e RI (voir Tisnel) et le 21e régiment de marche des volontaires étrangers à la 35e division d’infanterie. Parti aux armées, le 13 septembre 1939, il est en position de soutien sur la ligne Maginot, plateau de Rohrbach puis au nord de Bitche (Moselle). De février à mai 1940, le 11e RI est en 2e position dans le secteur de Vissembourg, près de Strasbourg (Bas-Rhin). à partir du 20 mai, la division fait mouvement. Après ordres et contre- ordres, elle rejoint les Ardennes. La montée vers le nord est rendue difficile, à cause des unités qui se replient et des civils qui fuient la zone des combats.
Les trois régiments sont chargés de la défense de trois secteurs bien définis :
Le 21e RMVE contrôle les rives du canal des Ardennes. Le 11e RI est chargé de la défense du Bois de Sy dominant la vallée du ruisseau des Armoises et se trouvant face aux hauteurs de Tannay et des positions ennemies. Au 123e RI, échoit la défense du secteur entre la pointe du Bois de Sy (vallée d’Ecogne) et Oches. Pratiquement tout est à aménager car ce sont de nouvelles positions dues à la rectification de la ligne de défense.
« L’artillerie ennemie s’acharne sur la nouvelle ligne de front, de Oches au Chesne : 5000 obus seront tirés dans la journée du 26 mai. Le bilan de cette journée est terrible pour la division : 400 tués ou blessés, la plupart au 11e RI… Les aménagements sont vivement poursuivis afin de s’enterrer : boyaux de communication, emplacements des armes lourdes, tranchées de repos». Pendant une quinzaine de jours les combats vont se succéder. Résistant aux attaques de fantassins, aux tirs d’artillerie et aux bombardement aériens, manquant de munitions et de nourriture, les hommes vont « tenir les positions ». Le 10 juin, l’ennemi poursuit toujours ses attaques, ses tirs d’artillerie et les interventions de son aviation qui cible les batteries d’artillerie. Mais la résistance française est toujours aussi résolue et efficace. « à 13 h, le général Decharme, commandant la 35e division apprend qu’il faut décrocher car le front a été crevé à Château-Porcien et les troupes ennemies filent vers Reims, Châlons et Vitry-le-François, risquant d’encercler les armées françaises du Nord-Est. Ce repli doit s’effectuer dans la nuit du lendemain… Mais à 23h nouvel ordre, le repli doit être immédiat. Les liaisons, endommagées par les derniers bombardements, n’ont pas été rétablies, la pagaille est énorme. Heureusement, au petit matin, un brouillard épais recouvre la campagne empêchant l’intervention de l’aviation déjà présente car on l’entend tourner au-dessus. Grâce à lui, l’ennemi ne découvre le repli qu’au milieu de l’après-midi… Commence alors une retraite terrible, harassante, meurtrière, où nos troupes marchent la nuit et combattent le jour, face à des ennemis motorisés, toujours sur leurs talons, régulièrement ravitaillés en vivres et en munitions ». (www.ardennes1940aceuxquiontresiste.org)
En se repliant les régiments doivent passer par Sainte-Menehould, point de rassemblement de plusieurs armées qui, arrivées par différents chemins, doivent traverser l’Aisne et son canal latéral. Mais cette manœuvre exige un délai et des combats ont lieu pour ralentir le plus possible l’avancée allemande. Le 13 juin, le 11e RI a parcouru environ 70 km presque sans repos. Si certains éléments de la 35e division sont déjà dans Sainte-Menehould, lui est quelques kilomètres à l’est, à la Grange-aux-Bois engagés dans des combats de retardement.
Gilbert Mora est tué à La Grange-aux-Bois le 14 juin 1940, ce même jour, les Allemands entrent dans Paris.
Il a été cité à titre posthume et a reçu la Croix de guerre : «Sous-officier brave et dévoué qui, par son exemple de calme et de courage, a maintenu ses hommes à leur poste durant la nuit du 13 au 14 juin 1940. A été tué glorieusement au combat de la Grange-au-Bois, le 14 juin 1940, au cours d’une contre-attaque pour reprendre le village. A été cité.»
Son décès est transcrit très tardivement sur les registres de la ville d’Oloron, le 10 juin 1956.