Journal d’un poilu survivant : Pierre Lassalle

 Histoire et témoignage de Pierre Lassalle
Pierre Lassalle en 1968

Pierre Lassalle en 1968

Pierre Grégoire Lassale est né le 9 mai 1886 à Oloron-Sainte-Marie de Jean-Baptiste Cyprien Lassalle et d’Engrace Mondine. Il est décédé à Bordeaux le 17 Août 1970. Le 14 octobre 1913 à Nogent-sur-Marne, il se marie avec Marie Térèse Sarrabère, née à Tarbes le 4 septembre 1892 et décédée à Bordeaux le 25 juin 1936. Deux ans plus tard, le 23 octobre 1915 à Paris (14e) nait Andrée Anna, décédée à Anglet (64) le 13 mai 2012. Ce sont ses enfants, Jean-Jacques et François qui nous ont proposé de publier le témoignage de  Pierre Lassalle.

 Le service militaire
Pierre Lassalle lors de son service militaire au 1er régiment de Zouaves

Pierre Lassalle lors de son service militaire au 1er régiment de Zouaves

Comme tous les jeunes hommes de sa génération  Pierre Lassalle aurait dû faire deux ans de service militaire à partir de l’automne 1907 mais le 27 novembre 1905 il contracte, pour une durée de 3 ans, un engagement au 53e Régiment d’Infanterie alors encore à Tarbes. Il va passer 13 mois à la caserne Reffye où il est nommé caporal, en novembre 1906. En février 1907, on le retrouve en Algérie, au 1er régiment de Zouaves où il devient sergent.  Il quitte l’Algérie, en ayant apparemment peu combattu, son livret militaire mentionne une campagne en Algérie du 2 août au 28 septembre 1908.

 En août 1909, il est  facteur à Courbevoie, en région parisienne. L’autorité militaire l’ayant classé comme « sous-agent des Postes de la Seine » il n’est pas mobilisé avant avril 1916 et rejoint alors un corps de Génie.  Après une période d’apprentissage à Angers, il part aux armées le 16 juillet 1916 avec le 6e  régiment de Génie  – compagnie 11/3.

Verdun  1916

Durant un mois la compagnie est à l’arrière, au sud de Verdun. Le 16 août, elle vient cantonner dans des caves du Faubourg  Pavé à Verdun et entreprend de nouveaux travaux au sud-ouest du Fort de Souville. La compagnie participe ainsi à l’organisation du secteur en vue d’une attaque générale visant à dégager Verdun par la reprise des forts de Vaux, Douaumont et Thiaumont.  Les sapeurs aménagent des pistes ou creusent des tranchées et des abris.

Le 24 octobre l’attaque est déclarée.  La riposte allemande est intense. Pendant 3 jours les hommes du Génie, comme les soldats des autres régiments, vont se battre sans relâche. Ils rentreront, décimés à leur cantonnement.

Pour une raison que nous ignorons, Pierre Lassalle n’est pas parmi eux à ce moment-là. Il a rejoint, à une date inconnue, le 4e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs.  Le 4e Mixte était arrivé à Verdun début juin 1916, durant deux mois, il va alterner intense activée aux tranchées et  courte période de repos à l’arrière, changeant de secteurs en fonction des besoins. En août il participe à des attaques sur le fort de Thiaumont et dans la région de Fleury. Le 21 août, le régiment est relevé et rejoint, à l’arrière, la « zone de reconstitution ». S’en suit une longue période d’instruction pour préparer l’attaque du mois d’octobre. C’est sûrement à cette période que Pierre Lassalle intègre le régiment.

Préparation de l'attaque du 24 octobre 1916. JMO du 4e RMTZ-Mémoire des Hommes Ministère de la Défense

Préparation de l’attaque du 24 octobre 1916. JMO du 4e RMTZ-Mémoire des Hommes Ministère de la Défense

Le 4e Mixte est rattaché à la Brigade marocaine et à la 38e Division d’Infanterie qui est chargée par l’Etat-major de reprendre le fort de Douaumont aux mains des Allemands depuis février 1916. Le 21 octobre, les uns après les autres, les régiments empruntent la Voie sacrée et montent à Verdun.  Le 4e Mixte s’installe dans la citadelle. Dans la nuit du 23, il gagne la zone de l’attaque et s’installe dans la parallèle de départ. Les objectifs qui lui sont assignés : d’abord le fort de Thiaumont puis le village de Douaumont. Le 23, à partir de 7h l’artillerie française commence les tirs de destruction,  « ceux-ci paraissent bons…l’artillerie ennemie riposte violemment sur nos tranchées… » On déplore 20 blessés au 4e Mixte.  « La nuit est assez agitée… les reconnaissances envoyées pendant la nuit signalent que les organisations ennemies ne sont pas écrasées. Les tirs de destruction sont repris à 7h. A ce moment les troupes évacuent les portions de tranchées prévues pour permettre ces tirs… ». Elles reprennent leur place une fois les tirs exécutés.

« A 11h39, l’attaque est déclenchée… chaque unité arrive sur la 1er ligne de tranchées allemandes qu’elle franchit puis sur l’ouvrage de Thiaumont, encercle, nettoie puis poursuit sa progression, atteint à 12h25 son objectif au-delà de la ferme Thiaumont. Le bataillon Meffrey organise la position conquise. Le bataillon Dhomme a suivi dans sa progression le bataillon Meffrey et, conformément aux ordres donnés, dépasse le premier objectif conquis et se porte sur le deuxième objectif fixé (village de Douaumont) qu’il atteint à 14h45. Il organise la position conquise, … et assure sa liaison avec le régiment colonial à droite qui occupe le fort de Douaumont… »

Thiaumont «  Malgré les difficultés de parcours d’un terrain argileux et détrempé, bouleversé de fond en comble par les bombardement des jours précédents, ces troupes se portent à l’attaque d’un élan magnifique, franchissant sans arrêt le tir de barrage adverse… L’intensité du brouillard n’a pas été une gêne considérable dans la maintien des directions d’attaque… par suite de l’emploi généralisé… qui a été fait de la boussole »

« … Dans la journée et au cours de la nuit du 24 au 25, 82 prisonniers Boches dont 1 officier, et 2 sous-officiers ont été amenés au PC  119 du Lieutenant-colonel Vernois. » (JMO du 4e régiment de Zouaves et de Tirailleurs- Mémoire des hommes- cote 26 N 855/9).

Les pertes de la journée, pour le 4e Mixte s’élèvent à 4 officiers blessés, 32  tués, 175 blessés et 16 disparus pour les hommes de troupe. Les autres régiments de la 38e Division ont eu aussi atteint leurs objectifs. Le fort de Douaumont est aux mains des Français.

Le 25, la réaction des Allemands est violente, les bombardements entraînent de nombreuses pertes dans les régiments ce qui contraint l’Etat-major à faire reculer les bataillons dans des zones moins exposées. Toute la journée l’artillerie française riposte, interdisant toute manœuvre de l’infanterie allemande. Les combats continuent les deux jours suivants, les Allemands essayant sans succès de reprendre les ouvrages conquis.  Les conditions de vie sont extrêmement difficiles : en raison des bombardements  et de l’état pitoyable du terrain, le ravitaillement des premières lignes est pénible.  Il fait très froid, les hommes, dans la boue, ont les pieds qui gèlent et doivent être évacués.

Le 29, le 4e Mixte est relevé et redescend vers Verdun.  On déplore 1 tué, 10 blessés et 1 disparu parmi les officiers ; 129 tués, 697 blessés et 109 disparus pour la troupe. 198 soldats ont été évacués pour cause de maladie.

Le  jour suivant, le Président de la République (Raymond Poincaré)et le général Nivelle passent en  revue une compagnie et le drapeau du régiment mixte de zouaves et de tirailleurs qui reçoit la croix de guerre avec palme accompagnée de la citation suivante : « le 24 octobre 1916, sous l’énergique commandement du Lieutenant-colonel Vernois a enlevé d’un élan admirable les premières tranchées allemandes puis successivement  l’ouvrage et la ferme de Thiaumont. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant dans un irrésistible assaut du village de Douaumont… ».

 52 ans plus tard Pierre Lassalle rédige son témoignage sur ces terribles journées.

Dans la nuit du 23 Octobre 1916, nous avons quitté nos cantonnements et  avons été dirigés vers nos tranchées de 1ère ligne, en vue de l’attaque du lendemain, contre le fort de Douaumont. Comme équipement, deux musettes, dont l’une, pour nos vivres (pour trois jours) : une portion de viande froide, deux boîtes de sardines, deux tablettes de chocolat, un morceau de gruyère, douze biscuits de troupes. Comme boisson : deux bidons de deux litres dont deux litres de « pinard » et deux litres de café fortement alcoolisé : une « gnolle » d’un arôme spécial et d’un goût… tout à fait particulier !… (doping !…). Munitions : six paquets de cartouches dans les cartouchières, six grenades offensives, deux grenades incendiaires (dans la musette).

Déjà, depuis plusieurs heures, une formidable préparation d’artillerie, d’obus de tous calibres, s’était abattue sur les positions allemandes !… Un véritable séisme de fin du monde !… Le ciel et la terre en étaient ébranlés !… Vers trois heures du matin, un groupe encapuchonné débouche dans notre boyau. Le personnage de tête nous lance au passage : « Ne te dérange pas mon vieux, c’est Mangin ». Stupéfaction.

A l’heure H, on met baïonnette au canon et escaladons les parallèles du départ… Quelques-uns font le Signe de Croix !… A ce moment, un fâcheux contretemps se produit : une pièce de 75, en arrière de nos lignes, tire trop court et des obus tombent dans notre parallèle de départ !… Un adjudant est tué, plusieurs sont blessés !… Par des obus français !… A notre départ, il règne un épais brouillard… Un vrai brouillard « meusien ». On ne distingue rien à quatre pas !… Pour nous, c’est un temps providentiel !… De la sorte, en effet, l’artillerie ennemie ne pourra pas suivre notre progression qui a été fixée (montre en main) à 25 mètres à la minute en accord en cela avec notre tir de barrage qui nous précède à une distance déterminée.

Déjà, dès le début, la résistance ennemie paraît assez faible, d’abord par l’effet de surprise de notre attaque, et surtout par l’effet démoralisant de notre pilonnage qui a pulvérisé ses défenses et se poursuit encore à l’heure présente !…  Les prisonniers ne tardent pas à affluer !… Ils viennent d’affronter notre première vague d’assaut (deux bataillons sénégalais) et se présentent à nous (2ème vague, 4ème régiment mixte de zouaves et tirailleurs) en proie à une visible panique !… Nous les voyons accourir, les bras en l’air, la plupart ayant rassemblé dans leurs casques le contenu de leurs poches (tabac, cigares, portefeuille, etc.) qu’ils nous tendaient au passage… heureux certainement d’entrevoir la fin de leur cauchemar et d’échapper au sort de leurs camarades « kapouts » ou blessés !

Vers le milieu de la matinée, nous arrivons devant deux profonds ravins (de la Dame et de la Couleuvre). Dans le premier, nous découvrons une cuisine roulante abandonnée, avec une énorme chaudière pleine de simili-café encore chaud. « Les « Fritz » ne boiront pas le jus ce matin ». Dès ce moment, la défense ennemie paraît assez désorganisée, exception faite de quelques sporadiques rafales de mitrailleuses et de quelques obus mal ajustés.  Leurs « 77 » déménagent.  Notre tir de barrage d’autre part, paraît s’être atténué !…

Vers le milieu de l’après-midi, une halte fut prescrite pour nous permettre de reprendre haleine pendant quelques minutes. A ce moment, le brouillard s’était en partie dissipé, découvrant à nos yeux un spectacle hallucinant !…  Partout des cadavres d’hommes et de chevaux, la plupart exhumés par la déflagration des projectiles, des batteries d’artillerie écrasées, des monceaux de munitions abandonnées, au milieu d’épaves de toutes sortes. Le paysage d’alentour n’était qu’un vaste cimetière !… Le sol était truffé de cadavres !… A nos pieds, gisait un avant-bras décharné, portant au poignet sa plaque d’identité, sans doute les restes d’un pauvre type porté disparu et dont la mère attendra toujours et ne recevra jamais de nouvelles ! Un cheval d’artillerie moribond (parmi tant d’autres) penchait sa tête vers nous, comme pour nous demander d’abréger ses souffrances.

Dans ce cadre de désolation, camouflé dans un trou d’obus, un jeune officier allemand, rescapé par miracle et vraisemblablement atteint de démence (ou candidat au suicide) déchargeait vers nous les balles de son pistolet, pensant, dans sa folie, retarder notre avance !…  Suivant les lois de la guerre, il fut envoyé rejoindre ses ancêtres avec lesquels nous avions, du reste, quelques comptes à régler, légués par nos pères… depuis 1870 !

Au départ, nous formions l’aile gauche des formations d’assaut et notre avance s’est poursuivie en direction du fort de Douaumont, à travers les trous d’obus, dont certains entonnoirs auraient pu loger une maison à trois étages. Vers le soir, nous avions atteint la totalité de nos objectifs ! Le 1er régiment d’infanterie coloniale du Maroc (au centre) couronnait déjà les crêtes du fort de Douaumont, définitivement reconquis.  Bilan de la journée : plus de 10.000 prisonniers et plusieurs centaines de canons détruits ou capturés ! Pour nous, pertes relativement légères, en regard des résultats obtenus !

Le lendemain de cette journée, une délégation d’officiers allemands prisonniers se présentait devant le Général Mangin pour se plaindre… d’un certain manque de confort !…  « Messieurs, je vous prie de m’excuser, leur fut-il répondu… je ne vous attendais pas si nombreux ».  Ils furent reconduits dans leurs « inconfortables » logements, baïonnette au canon… avec tous les honneurs de la guerre !… Il est un fait certain : c’est que les soldats du « Kronprinz » ont reçu, ce jour-là, une mémorable « dérouillée » dont ont fait mention, le lendemain dans leurs communiqués, tous les journaux de France et de l’étranger.

Mais les allemands occupaient toujours la cote 304, située, ce jour-là, en dehors de notre secteur opérationnel.  De là, ils avaient une certaine vue sur nos nouvelles positions. Il était donc indispensable de les en chasser. C’est ce qui fut entrepris dans les premiers jours qui suivirent par les unités qui assurèrent notre relève. Mais, c’est avant cette date que j’ai eu une fâcheuse mésaventure ! Un de mes camarades venait d’être tué au moment où, juché sur le parapet, il procédait à l’appel des rescapés de sa formation. Quelques minutes plus tard, j’étais moi-même enseveli par l’éclatement d’un obus (vraisemblablement tiré par la même pièce) avec 4 hommes de ma section ! Relevés K.O. sans blessures trop graves, mais provisoirement hors de combat (forte commotion) nous avons été conduits vers l’arrière par décision du chef de bataillon. (Avons rejoint nos lignes après quelques heures de détente).

Dans l’après-midi qui suivit, une troupe d’une quinzaine d’allemands (dont un feldwebel) se manifestait devant nous les bras en l’air. Notre chef de bataillon voulait les faire fusiller séance tenante, sous prétexte qu’ils s’étaient dissimulés pendant deux jours dans l’intention de nous tirer dans le dos, en cas d’une contre-attaque éventuelle de leurs « Kamarades ». Toutefois, réflexion faite, ils furent conduits à l’arrière pour interrogatoire. Ils l’avaient échappé belle et pouvaient remercier le Ciel !

Nous devions rester encore deux jours en ligne avant la relève. Les émanations qui se dégageaient de tous ces débris, la promiscuité de tous ces cadavres, le voisinage des corps de nos camarades tués et la perspective d’un sort semblable, tel était notre état d’esprit, en ces journées d’octobre 1916. Dans certains secteurs, les tranchées de Verdun étaient creusées au milieu des cadavres. La nuit, il n’était pas rare d’aller buter contre un crâne ou des chaussures qui dépassaient du talus de la tranchée dont la terre était truffée.

Il est vrai, qu’en ces moments, dans le degré d’abrutissement dans lequel on se trouvait, nous n’étions plus tellement conscients de la réalité de tels spectacles ! Plusieurs jours furent nécessaires pour retrouver notre équilibre mental, et après un demi-siècle, ces événements qu’on a appelé « l’enfer de Verdun » restent toujours gravés dans ma mémoire !…

Aujourd’hui, tout cela est oublié !… Les témoins de ces évènements se font de plus en plus rares… et par ailleurs, ils évitent de les évoquer, leur récit ayant pour effet de provoquer des sourires et parfois des railleries dans la bouche de leurs descendants… Il en va de même de toutes les choses de ce monde !…

Epilogue

Nous n’avons pratiquement rien mangé de solide pendant ces trois jours consécutifs (à part quelques tablettes de chocolat), en raison de la tension nerveuse qui nous interdisait toute alimentation normale. En effet, dès les premiers jours, nous avons été dans l’obligation d’éliminer notre portion de viande froide qui avait acquis, dans nos musettes, un certain fumet de… cadavre, très peu indiqué en l’occurrence ! Quant à nos 4 litres de boissons (vin et café), ils étaient complètement « liquidés » dès le deuxième soir de notre montée en ligne ! Il ne faudrait pas conclure pour autant que nous étions tous des ivrognes !… L’atmosphère d’un champ de bataille provoque en effet, dans l’organisme, un état fiévreux qui nécessite un impérieux besoin de boissons ! Tous ceux qui ont vécu de pareils moments peuvent en témoigner… Mais aujourd’hui, ces témoins se font de plus en plus rares ! Ceux qui restent auront bientôt disparu !

Commentaires rétrospectifs

En général, nos blessés souffraient sans trop se plaindre, avec un certain stoïcisme, tel ce jeune zouave, atteint par un éclat d’obus et porté à dos par un de ses camarades ! Il s’amputa lui-même de son pied qui adhérait encore par quelques lambeaux de chair !… Le pied tomba avec le soulier, sans que l’on entende une seule plainte. Les nécessités de la bataille nous empêchèrent d’en connaître les suites…

Par contre, les blessés boches braillaient comme des écorchés !… Pas précisément par lâcheté. Nous savions qu’eux-aussi savaient combattre… et mourir le cas échéant !… Question de race et de tempérament. Certains n’avaient pas vingt ans, et quoique boches, ils n’étaient pas moins des hommes, avec leurs faiblesses, aspirant surtout à revoir leurs mères et leurs blondes « fraülen » qu’ils avaient laissées dans leur pays.

Hélas, beaucoup de foyers français connaissaient les mêmes tribulations ! Car, ce ne sont pas ceux qui déclenchent les guerres qui en sont les victimes !… et se font tuer !… Après 4 années d’une guerre « fraîche et joyeuse », Guillaume II s’est enfui en Hollande, après avoir provoqué la mort de plus d’un million de ses soldats et… d’un nombre équivalent de Français !

Printemps -été 1917  : Construire des routes, des ponts entre Aisne et Oise

Après la prise de Douaumont le sergent Pierre Lassalle réintègre le  6e régiment du Génie. Le 2 décembre il est affecté à la compagnie 11/4. Jusqu’à la fin janvier, toujours dans le secteur de Douaumont, parfois sous les bombardement, la compagnie est chargée de remettre en état et d’empierrer les pistes. Ils sont aidés par des Territoriaux et parfois par des prisonniers allemands.

Carte d'Etat-major-Géoportail

Carte d’Etat-major-Géoportail

Elle part ensuite au repos et à l’instruction (construction de passerelles) à Failly en Seine-et-Marne jusqu’au 20 mars. La compagnie rejoint alors la vallée de l’Aisne, au sud du Chemin des Dames où elle a pour mission de maintenir ou de rétablir les ponts sur l’Aisne et les voies de communication  ainsi que les pistes endommagées par les bombardements ennemis. Elle s’installe à Venizel (5 km à l’est de Soissons).  Le 31 mars « la compagnie reçoit l’ordre d’envoyer au dépôt de la Brigade à Bucy, 1 chef de section, 2 sergents et 22 caporaux et sapeurs pour confectionner des charges allongées et aller faire sauter des réseaux ennemies. Le travail est exécuté sans incident… » (JMO compagnie 11/4, Mémoire des Hommes –cote 26 N 1291/14). Sur le livret militaire de Pierre Lassalle on peut lire : « Citation à l’ordre du régiment n°31 du 13 mai 1917 … du colonel du Génie de la 22e Division d’Infanterie –sous-officier courageux et dévoué qui volontairement a fait partie le 31 mars 1917 d’une équipe pour aller porter une charge allongée sous un réseau ennemi et qui grâce à son sang-froid a rempli sa mission. Décoration : Croix de guerre ». Une façon de rompre la routine des travaux routiers ?

La compagnie se déplace régulièrement en fonction des travaux à exécuter.  Souvent à l’arrière au niveau de l’Aisne, elle monte parfois à proximité de la ligne de front, subissant alors les effets des bombardements.

Fin mai, elle quitte la région pour aller à Saint-Quentin. Installée à Marteville, elle a pour mission de « combler les entonnoirs  créés par l’ennemie  avant sa retraite aux carrefours des routes et à rétablir ces carrefours ». Le 11 juin le Colonel Henry, commandant le 6e régiment du Génie, vient remettre leur croix de guerre aux sapeurs de la compagnie ayant participé aux dernières attaques avec l’infanterie. Durant tout le mois de juin, la compagnie nettoie, reconstruit des maisons dans différents villages voisins pour préparer les cantonnements futurs puis elle est employée  à la réalisation d’abris, de postes de commandement, de réfection de routes, toujours autour de Saint-Quentin.

Septembre 1917, sur le Chemin des Dames
JMO de la compagnie 11/3,Mémoires des hommes Ministère de la défense GR_26_N_1291

JMO de la compagnie 11/3,Mémoires des hommes Ministère de la défense GR_26_N_1291

La compagnie est de nouveau à proximité de l’Aisne.  Cantonnée à Ciry-Salsogne, elle doit préparer une carrière souterraine  en vue d’y loger un régiment. Ils sont aidés dans les travaux par des soldats de régiments d’infanterie notamment les chasseurs du 6e Bataillon alpin. A cette occasion Pierre Lassalle a sûrement croisé l’oloronais Jean Gratia, soldat au 6e BCA qui sera tué le 23 octobre lors de la prise du fort de Malmaison.  Il faut aussi aménager les pistes, construire  des passerelles, surveiller des ponts alors que se prépare l’offensive pour reprendre  le chemin des Dames et le fort de Malmaison. Le 20 octobre la compagnie va cantonner à Vailly. Elle est chargée, durant l’attaque d’entretenir la route Jouy-Malmaison qui « est obstruée sur une longueur de 200m par des abris en sac de terre… Il importe de rétablir le passage le plus tôt possible… Le travail s’accomplit sans incident jusqu’à 9h 15, l’ennemi faisant un tir de harcèlement dans les parages envoie un obus qui vient tomber au milieu d’un groupe de travailleurs… »  1 sergent et 3 sapeurs sont tués, 12 autres blessés. « A la suite de cet incident le moral des sapeurs est légèrement atteint, une légère panique se produit, les hommes sont aussitôt rassemblés, les blessés sont transportés au poste de secours… Les hommes sont ensuite remis en chantier ; l’ennemi qui continue à tirer envoi un obus toxique qui tombe à l’endroit où la 4e section travaille ». Un sous-lieutenant et un sapeur sont blessés. « Le capitaine donne l’ordre de cesser le travail en attendant l’accalmie. Les hommes en profitent pour manger ». Le travail est repris l’après-midi puis le lendemain dégageant ainsi le passage. L’entretien de la route se poursuit les jours suivants avec encore des obus qui tombent. Le 28 c’est un équipage qui est visé : 6 chevaux sont tués et une voiture réduite en morceaux. Le 7 novembre « le sergent Lassalle est détaché et mis en subsistance à l’artillerie divisionnaire pour faire avec l’aide des artilleurs une piste allant d’Ostel aux batteries ». (JMO de la compagnie 11/4- Mémoire des hommes-cote 26 N 1291/14)

Le 25 octobre, le fort de Malmaison est reconquis. L’effet psychologique est considérable. Les Allemands abandonnent complètement le plateau du Chemin des Dames. Ils se replient sur les hauteurs dominant l’Ailette d’où ils pourront lancer au printemps 1918 une fulgurante offensive dont le succès dépassera toutes leurs attentes.

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L’année 1917 nous trouva sur le front de l’Aisne (Ailette et Chemin des Dames) avec les bataillons alpins devant les carrières de Bohéry (de tragique mémoire)… puissamment fortifiées par les Allemands et magnifiquement enlevées, de haute lutte par les « diables bleus » conduits par de jeunes officiers « fanatisés », après de furieux combats à l’arme blanche !…  Il en résulte, dans les couloirs intérieurs, une véritable hécatombe de combattants, où nos adversaires n’eurent pas le beau rôle. Les baïonnettes de ces soldats d’élite (spécialistes dans ce genre de combats) exercèrent de profonds ravages dans les rangs « Teutons ». 
 Plusieurs journées furent nécessaires pour évacuer les nombreux cadavres qui encombraient les galeries intérieures !… ou autres débris !… Cette mission fut confiée à de jeunes conscrits du contingent (venus de Grenoble ou d’autres lieux) qui se montrèrent rapidement, dès le début, à hauteur de leurs ainés pour le courage et le sang froid ! 
 Les cadavres « feldgrau » dont ils s’étaient constitués les « héritiers » étaient tirés par les pieds dans la partie à ciel ouvert de l’ouvrage où ils étaient réunis pour être ensuite enlevés et ensevelis de façon décente. Mais cette dernière tâche dépassait le cadre de leurs obligations et était réservée à d’autres équipes spécialisées.  Ces travaux étaient accompagnés de plaisanteries parfois déplacées, mais qui se voulaient divertissantes !…  Depuis l’école, en effet, ils avaient été élevés dans la phobie du « Prussien »…  Pouvait-on les blâmer ?… Dès leur jeune âge, on leur avait inculqué le culte du drapeau et en aucun cas, ils n’auraient toléré de l’entendre blasphémer !…  La perspective de la mort qu’ils côtoyaient tous les jours ne les effrayaient pas !… Tels étaient nos conscrits de 1914 !… Mais il était écrit que ce front de l’Aisne deviendrait néfaste pour certains d’entre nous !
Printemps 1918, dans les creutes de Paissy

Pour les sapeurs du 6e Génie les premiers mois de 1918 se passent à entretenir le réseau routier, construire des abris, nettoyer les tranchées prises aux Allemands… En avril, les alertes se multiplient, les Allemands préparent leur offensive. Le régiment accélère la construction d’abris, de tranchées, de réseau.

Carte d'Etat-major-Géoportail

Carte d’Etat-major-Géoportail

Le 6 mai, une section de la compagnie 11/4 est mise à disposition de la 22 Division d’infanterie et s’installe à Paissy pour réaliser des travaux sur la position intermédiaire.  Le 26 mai,  « deux prisonniers allemands  faits par les 19e et 62 RI préviennent dans leur interrogatoire qu’une attaque allemande sur le chemin des Dame est à prévoir pour la nuit suivante (du 26 au 27). En conséquence la D.I. prend son dispositif d’alerte à partir de 19h. Les compagnies du Génie sont alertées dans leur cantonnement… Après une violente préparation d’artillerie commencée à 1h, par obus de tous calibres et toxiques, les Allemands déclenchent vers 4h30 leur attaque sur le Chemin des Dames, attaque qui prend un caractère de violence extrême sur le secteur de la 22 D.I. Ils parviennent à s’emparer des hauteurs et progressent vers le sud… Le peloton de Paissy quitte son cantonnement vers 7h sous le feu des mitrailleuses ennemies. Les équipes chargées de la destruction des ponts de l’Aisne se rendent à leurs postes et attendent l’ordre de la mises à feu. Depuis cette époque on est sans nouvelles de ces équipes… Le peloton de la compagnie 11/4 précédemment chargé de la réfection d’abris sur la position intermédiaire semble avoir été fait complètement prisonnier… » (JMO de  l’Etat-major du Génie de la 22 Division d’Infanterie- Mémoire des Hommes –cote 26 N 306/3).

L’année suivante, en effet, par suite de la défection des Anglais qui avaient relevé notre 18e Corps dans le secteur de Craonne, une offensive allemande perçait notre front à cet endroit, le 17 mai 1918, débordait notre dispositif et se répandait sur nos arrières ! A midi, les Allemands étaient à Fismes, où ils s’emparaient des magasins d’approvisionnement et capturaient un train de permissionnaires en stationnement !…
Quant à nous, à la pointe du jour, nous étions surpris dans les « creutes » de Paissy où nous étions en demi-repos par des « strass-trupen » (lance flammes) , les masques à gaz encore sur le visage !… 
Le lendemain, nous étions prisonniers et une grande partie de la 22division devait subir le même sort ! 
Dans l’après-midi, un officier supérieur allemand à cheval (un général) vient nous rendre visite. Il nous salua d’une façon fort courtoise et dans un français impeccable, nous tint un petit discours : « Bonjour mes braves !… Il ne faisait pas bon hier de votre côté !… C’est pour que vous soyez sages quand nous arriverions ». 
Effectivement, nous avions été copieusement arrosés de « fusants », « percutants » et même de projectiles à gaz… Toutefois, rien de comparable avec les canonnades de Verdun !… 
Puis, apercevant des prisonniers anglais, son regard se crispa. « Ah !… vos fameux alliés anglais !… C’est bien par leur faute que vous êtes ici… Ils sont meilleurs pour le football que pour faire la guerre !… » 
Nous devions rester un mois derrière les lignes allemandes, occupés à divers travaux de récupération d’obus, etc., retranchés du reste du monde, dormant à la belle étoile… et au régime « jockey » !… (Ils étaient eux-mêmes affamés) !… 
Au bout d’un mois, tous les sous-officiers furent réunis et dirigés par étapes en direction d’Hirson, à travers les territoires occupés. Sur les routes, les habitants se rassemblaient pour nous manifester leur sympathie… des femmes pleuraient et c’était à nous à leur remonter le moral !… « Ne vous en faites pas… on les aura » ! 
A Hirson, nous fûmes embarqués dans des fourgons à bestiaux en direction des camps de l’Allemagne : Giessen d’abord et Meschede ensuite. 
Somme toute, les Allemands furent assez corrects à notre égard et parmi les prisonniers, c’était encore les Français qui étaient les mieux considérés !… Ce qui n’était pas le cas pour les Anglais !… Quant aux civils, ils ne nous étaient nullement hostiles. 
J’ai même vu une mère allemande corriger un gamin parce qu’il nous avait tiré la langue à notre passage !… Son père était peut-être prisonnier en France !… 
Mais l’heure de la revanche ne devait pas tarder à sonner, d’une façon éclatante !… 
Au mois de juillet suivant, sous l’énergique impulsion du maréchal Foch, les armées françaises de Gouraud et Mangin, dans une succession d’offensives foudroyantes et irrésistibles, bousculaient le dispositif ennemi, crevaient le front allemand et, dans une poussée victorieuse, contraignaient l’envahisseur à repasser le Rhin dans une profonde débâcle, abandonnant bagages, armes, munitions et des milliers de prisonniers !… C’était la victoire !…
1918 Prisonnier en Allemagne
Camp de Meschede (Westphalie) - Intérieur d'une baraque. Source : Service historique de la défense

Camp de Meschede (Westphalie) – Intérieur d’une baraque. Source : Service historique de la défense

Le 27 mai 1918 donc, à Paissy, dans l’Aisne, Pierre Lassalle est fait prisonnier. Sa fiche, retrouvée dans les registres de la Croix-Rouge internationale nous apprend  qu’il fut interné à partir du 27 juin au camp de Giessen puis en octobre (liste des prisonniers du 8 octobre) à celui de Meschede.

 Le camp de Giessen  était un camp d’immatriculation et de transit (durchganglager) muni d’un lazarett (hôpital militaire) situé dans la Hesse, au nord de Francfort-sur-le-Main, sur la Lahn. Les prisonniers sont Français, Anglais, Italiens et Américains (environ 40 en 1918).

Celui de Meschede  était situé à l’Est de Düsseldorf, sur la Ruhr à proximité de la ville de Meschede, bâtie au confluent de la Henne et de la Ruhr. Le camp de prisonniers, rectangulaire, entouré de plusieurs rangs de fils de fer barbelés, très serrés et très hauts, était situé sur une colline qui domine la ville. Vers la fin d’octobre 1918, une révolte générale y éclate.

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Le 11 novembre 1918, après quatre longues années de guerre, l’Allemagne vaincue capitulait !… L’empereur Guillaume qui avait provoqué la mort de près de deux millions de ses sujets, s’enfuyait lâchement en Hollande, ayant ainsi démontré, une fois de plus, que ce ne sont pas ceux qui déclenchent les guerres qui se font tuer !… Foch et ses proches faisaient leur entrée triomphale dans Strasbourg retrouvée … Après 48 années d’exil, l’Alsace et la Lorraine étaient redevenues françaises ! Hélas, plus d’un million et demi de nos camarades, restés sur les champs de bataille, ne devaient jamais connaître ce beau jour !…
Cependant, le mois de décembre 1918 touchait à sa fin et nous étions nombreux à ronger notre frein dans un stalag de Westphalie !… Comme les formalités de rapatriement traînaient en longueur, nous décidâmes, en petit comité (un landais et deux béarnais, dont moi-même) de regagner la France par nos propres moyens.
Ayant réuni quelques provisions (des colis reçus), notre projet fut mis à exécution dès le lendemain… Loustalau (le Landais), prisonnier depuis Charleroi, qui baragouinait quelques mots d’allemand, s’offrit de nous piloter… Il avait déjà échoué dans pareille entreprise, était débrouillard (comme tous les Landais) et… passablement « culotté » !… La discipline s’était beaucoup relâchée depuis l’armistice et, avec nos caissettes, nous franchîmes assez aisément le corps de garde, comme si nous allions (en principe) rejoindre nos « kommandos ». D’autre part, les services publics étaient assez désorganisés et la révolution commençait à se manifester dans les grandes villes, le peuple était dans la misère !… C’est ainsi que nous prîmes le train (sans billet) pour Ansberg et ensuite, avec le même procédé jusqu’à Eberfeld, dont la gare était gérée par des matelots révoltés, lesquels, compréhensifs, ne présentèrent aucune objection. Mais d’après les clauses de l’armistice, les convois devaient s’arrêter 30 km avant la frontière hollandaise en territoire allemand. C’est donc à pied qu’il nous fallut franchir cette distance. Au cours de ce trajet, effectué en plein jour, nulle part nous ne rencontrâmes la moindre marque d’hostilité, bien au contraire ! Il arrivait même que des gens sortaient sur le seuil de leurs maisons pour nous souhaiter bon voyage (parfois en français) !… parmi eux quelques « feldgrau » qui s’étaient démobilisés d’office !…
Dans un village, Frédéric Biron (Béarnais) manqua même d’être enlevé par une « gretchen » (une laitière avec ses bidons), sans doute séduite par de magnifiques moustaches brunes qu’il arborait, suivant la coutume de l’époque. Elle voulait absolument l’emmener chez elle et il eut toutes les peines du monde à l’en dissuader… Finalement, elle y renonça… Mais non sans le menacer du doigt !…
Nous arrivâmes enfin en vue de la frontière, délimitée par une longue ligne de peupliers. A notre grande stupéfaction, nous ne trouvâmes pas « âme-qui-vive », seulement une pagaille invraisemblable, des guérites renversées, des barbelés ciselés, des tas de matériels démolis, un véritable cadre de guerre civile !… Non loin, en territoire hollandais, nous aperçûmes quelques bûcherons autour d’un grand feu (nous étions en décembre). Nous nous dirigeâmes vers le groupe, pour casser la croûte et nous reposer quelques instants. Notre apparition parut quelque peu les surprendre !… Ils s’exprimaient en allemand !…  Après nous être restaurés, nous reprîmes notre route, en direction de Roermond, première ville hollandaise après la frontière où nous n’eûmes guère à nous louer de l’hospitalité des habitants, qui nous parurent plus germaniques que les Allemands eux-mêmes !
Nous fûmes logés dans un grand local, dont la paille avait servi naguère à des réfugiés de Douai. Le lendemain, nous étions « contactés » par des membres du contre-espionnage français qui nous firent visiter la ville et nous convièrent, le soir, à une petite réception intime dans un café, dont le patron était un grand sympathisant de notre pays, qui nous procura une chambre confortable.
Deux jours après, par les soins des autorités locales, nous prenions le bateau à Flessingue à destination de la France… et de la liberté !… Le 15 décembre 1918, nous débarquions à Dunkerque et ainsi se termina notre odyssée (peu glorieuse) à travers le territoire germanique !
Dès lors, une vie nouvelle s’ouvrait devant nous !…avec ses joies … et ses tristesses !… A notre démobilisation chacun de nous fut doté d’un « complet-veston » en tissu « national », sorti des grands magasins « Clémenceau », en remplacement de nos vêtements « mités » et défraîchis pendant nos années d’absence.
Hélas !… de nombreux foyers attendaient leurs « absents » dont les noms « gravés dans le marbre et dans l’histoire » ne devaient jamais revenir !…

Rentré en France par ses propres moyens  Pierre Lassalle est toujours mobilisable. Il est affecté au 1er régiment de Génie et est  « envoyé en congé illimité de démobilisation » le 19 février 1919. Revenu à la vie civile, il réintègre  le service des PTT dans lequel il a mené toute sa vie professionnelle, à Paris puis à Bordeaux où il décède en 1970.

En qualité de sergent au 6e régiment du Génie – compagnie 11/3, il est inscrit sur le Livre d’Or des soldats de Verdun sous le N° 99.007. Il a reçu la Croix de Guerre 1914-1918, la Médaille de Verdun (type Prudhomme), la Médaille Interalliée « la grande guerre pour la civilisation 1914-1918 », la Médaille Militaire, la Croix du Combattant et la Médaille d’honneur des Postes et Télégraphes.

En octobre 1968, il ressent le besoin de coucher sur le papier le souvenir  de ses années de guerre.


En souvenir de tous nos camarades fauchés par la mitraille,

Au printemps de leur vie !

 dont mon regretté frère cadet tombé (et disparu)

en territoire belge le 23 août 1914

Gloire à leur mémoire !…

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