2 janvier 1918 : Jean Abadie, victime d’un coup de main

Jean Auguste Abadie naît le 21 janvier 1893 dans la maison Manciet, avenue de la Gare à Oloron. Son père, François âgé de 31 ans lors de sa naissance est boulanger, sa mère, Anna Francine Sere, 20 ans est couturière. Le couple aura au moins 2 autres enfants : Pierre, né le 17 juillet 1897 et mort le 6 août 1918 et Célestin né le 17 janvier 1899. A 20 ans Jean effectue ses classes. A l’issue de celles-ci Jean Auguste est « ajourné à un an pour faiblesse », mesure reconduite en octobre 1914 et en mai 1915. Le 16 mars 1916 il se marie avec Joséphine Marancy, née le 17 février 1893 à Nay et qui exerce le métier de piqueuse, lui étant sandalier.

Mais la guerre a besoin d’hommes et « faiblesse « ou pas Jean Auguste part à la guerre le 8 août 1916. Il est incorporé dans le 83 RI à Saint Gaudens. Normalement il doit faire 4 mois de préparation dans la caserne du régiment puis encore une période d’entrainement dans un cantonnement dans « la zone des armées »au sein du 9e Bataillon.  Nous ne savons pas ce qu’il en fut exactement mais le 13 janvier 1917 Jean Auguste passe au 88e RI puis en mars au 86e RI. A cette date le 86e se trouve dans l’Aisne (Grugies, Giffecourt ). Dans le Journal des Marches et Opérations du régiment il est noté à la date du 26 mars 1917 : «  un renfort de 233 hommes et 2 officiers venant du 9e bataillon du 88e RI rejoint le dépôt divisionnaire  du 86 » (centre d’instruction et d’accueil des renforts venu de l’arrière). Le 31 mars on lit : « 202 hommes venant du dépôt divisionnaire arrive au régiment de combat ». Jean Auguste est parmi eux.

Grâce au travail réalisé par Frédéric Dumoulin (http://www.dumoul.fr/mili/14-18/regiments/86eRI/index.php#86eRI), vous pouvez suivre son parcours sur les différents fronts.

Le 21 décembre 1917, le 86e arrive le 22 à Clermont en Argonne. Le 23 au soir, le régiment est en 1ère ligne, sur la rive droite de l’Aire, à Vauquois, la butte célèbre au nom prestigieux, évocateur des luttes épiques et sanglantes de 1915. Dans le JMO du régiment on peut lire :

29 décembre : A 5h10 dans la zone de Vauquois ouest, les allemands font exploser 2 camouflets dont l’un endommage un de nos petits postes. Dans le courant de la journée 2 sapeurs de génie ayant pénétré dans une de nos galeries de mines avoisinantes furent asphyxiés. Le sous-lieutenant Bouillon et le médecin auxiliaire Batailh furent intoxiqués en essayant de porter secours aux 2 sapeurs. L’artillerie ennemie est un peu plus active que les jours précédents et bombarde surtout les abords du PC de Bois-Noir.  A 18h au moment où la fraction destinée à occuper de nuit le poste Duffau s’approchait de ce poste elle fut accueillie à coups de grenades et de fusils par un groupe d’ennemi d’une trentaine d’hommes. Après un vif combat, un de nos hommes disparut. Le poste fut réoccupé par nous vers 23h. Pertes : évacués pour maladie 3 , évacués pour pieds gelés 1, intoxication 2

30 décembre : la journée est calme. L’artillerie tire une soixantaine d’obus sur l’ensemble du secteur. Rafales de mitrailleuses habituelles au cours de la nuit. Pertes : tué 1, évacuation pour maladie 1

1918- 1er janvier : Journée calme. L’ennemi tire un assez grand nombre de grenade à ailettes sur la région : butte de Vauquois et V. de Vauquois. 150 obus au total au cours de la journée. Pertes : néant

2 janvier : journée calme. Faible activité de l’artillerie ennemie. Rafales de mitrailleuses au cours de la nuit. Pertes : tué 1 (rajouté au crayon) »

Sur la fiche Mémoire des Hommes de Jean Auguste il est inscrit :  « Tué à l’ennemi dans le secteur de Vauquois le 2 janvier 1918 ». Dans le JMO,  le 29 décembre il n’est noté dans les pertes aucun tué alors que le commentaire mentionne 1 disparu lors de l’attaque du poste, par contre  au 2 janvier, il est rajouté au crayon 1 tué. Jean Auguste est officiellement mort le 2 janvier. Est-ce lui qui a disparu le 29 décembre et qui est comptabilisé seulement le 2 ? Son corps sera retrouvé et il repose dans la nécropole de Vauquois  en compagnie des 4368 soldats morts pour la France dans ce secteur (tombe 345).

Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Oloron Sainte-Marie