ESTRABOU Denis

Jean Denis Estrabou est né le 23 avril 1911 à Ance de Grat et Marie-Anne Bigué. Comme beaucoup de réservistes béarnais, il est mobilisé au 8e bataillon de chasseurs pyrénéens. Après une période d’instruction à Pau, celui-ci part vers Amélie-les-Bains, chargé de surveiller la frontière avec l’Espagne. Franco restant neutre, le régiment est reformé à Bayonne pendant tout le mois de février 1940 avant de repartir vers Grasse dans les Alpes-Maritimes. Le 19 mai, après une nouvelle période de formation, il rejoint le secteur de La Turbie où il mène des travaux d’aménagement et de fortifications des positions défensives qu’il occupe.
Le 12 juin, nouveau départ en train pour les hommes et les mulets. Cette fois vers le nord, destination d’abord Montargis (Loiret) puis, par des routes encombrées de civils et de militaires qui retraitent, vers la Seine entre Fontainebleau et Montereau. « Après une longue marche, on nous fit nous arrêter en campagne… de nouvelles positions furent entreprises » (mémoire de Jean de Riquer-Oloron-inédit). La situation est difficile, l’intendance n’arrive pas à suivre, la faim et la soif font leur apparition et les officiers ont du mal à tenir leurs troupes. Dans l’après-midi, les motocyclistes et les chars allemands sont visibles sur les collines dominant la Seine. Le soir, sans avoir tiré le moindre coup de fusil, sans avoir entendu la moindre artillerie, les chasseurs doivent décrocher et repartir à pied vers Nemours (Seine-et-Marne). Là, des camions les attendent et le parcours continue avec le flot de réfugiés. De temps en temps, le convoi étiré sur plusieurs kilomètres s’arrête. Les chauffeurs cherchent du carburant, les soldats de la nourriture. Un peu avant Sully-sur-Loire « le ciel se mit à gronder, non pas comme il le faisait quelques instants auparavant du fait de l’orage qui semblait nous suivre, mais de vrombissements de moteurs. Bientôt des avions… furent à la verticale de la route. Les premières bombes, les premiers hurlements… En entassements humains nous comblions les fossés. Une explosion proche nous fit comprendre que déjà nous avions nos premiers morts, nos premiers blessés. Les avions remontaient l’axe de la route… Quelques instants plus tard, ayant fait demi-tour, le vol de ces oiseaux piqua sur nous; ils nous mitraillèrent, s’éloignèrent, nous remitraillèrent puis disparurent » (J. de Riquer).
Denis Estrabou est tué le 16 mai 1940 à Noyers (Loiret) lors du bombardement aérien.
Il repose dans la nécropole nationale de Fleury-les-Aubrais (Loiret), carré 13, rang 4, tombe 52.