4 septembre 1914 : Colonel Huc, blessé à Bertrix

 Louis Huc

Louis Huc était militaire, formé à  Saint-Cyr en 1875. Lorsqu’il meurt après la bataille de Bertrix, il a déjà une longue carrière militaire derrière lui. Il a été nommé Colonel commandant du 14e  régiment d’infanterie de Toulouse en 1909, en mai 1914, il est chargé du commandement par intérim de la 65e  Brigade basée à Agen.

Louis Huc est né le 28 janvier 1857 à Gan. Il est issu de la grande famille du Béarn: les Arrac. Il fait ses études au collège d’Oloron puis au lycée à Pau. Le 7 février 1888, il épouse Sophie Sandrin qui possède une maison à l’entrée de Saint-Pée, son père était adjoint au maire d’Oloron. Le couple aura  trois enfants dont Tristan Derème,  le poète,  qui naît à Marmande en 1889 où son père est en garnison.

La 65e brigade faisait partie du 17e Corps d’armée et c’est en tant que commandant de cette brigade, que Louis Huc est blessé  le 22 août lors des combats dans la forêt de Luchy pendant une contre-attaque vers la lisière des bois : la 65e  brigade était initialement placée en réserve à proximité de Blanche Oreille et du bois de Fath.  A 16h, le colonel Huc, fait établir une ligne de défense couvrant les avancées nord de Bertrix. A la croisée de la route de Recogne,  le 3e  bataillon du 9e  RI qui marche en tête, est pris à partie par l’artillerie allemande et par des tirs d‘infanterie qui partent de la lisière des bois. Ne pouvant progresser,  le bataillon se replie par échelons en évitant Bertrix et prend la route en direction de Cugnon. Le 2e  bataillon qui venait de quitter le bois de Blanche-Oreille est repéré dès son passage à Assenois et est accompagné d’obus pendant toute sa marche et il doit lui aussi se replier. Le colonel Huc, commandant la brigade, arrête ce repli et avec deux compagnies du 9e et trois compagnies du 7e il lance une contre-attaque contre la lisière des bois au nord.  Ils parviennent  à 300 mètres de la ligne adverse mais doivent se replier et établir une nouvelle ligne de défense qui tient 25 mn puis cède. A 18h30,  le colonel Huc et ses deux ordonnances sont blessés par un obus, le colonel décédera à l’hôpital de Bertrix, où il a été transporté, le 4 septembre.

Il fait l’objet d’une citation à l’ordre de l’armée  avec attribution de la croix de guerre avec palme : « Le commandant de la IVe Armée cite à l’ordre de l’armée le colonel Huc commandant par intérim la 65e brigade d’infanterie. Commandant une brigade, a le 22 août 1914 dirigé personnellement et avec la plus grande bravoure un vigoureux retour offensif contre des forces très supérieures et est tombé grièvement blessé »

Jusqu’en 1955,  sa veuve a cru qu’il avait été blessé à la bataille de Charleroi,  c’est ce qu’elle indique  par lettre du 28 février 1955 au ministère en sollicitant une copie des états de service de son mari. Son corps n’avait été retrouvé qu’en 1931, déposé dans un cercueil en zinc à la morgue de Bertrix, il repose parmi ses soldats au cimetière de Bertrix tombe 35.

Son nom est inscrit sur la plaque de l’église de Saint-Pé d’Oloron et au monument aux morts de Gan.

Tristan Derème a dédié un long poème à son père qui  est décédé « alors qu’il chargeait sabre au clair et en gants blancs » a-t-il écrit. Celui-ci  intitulé « Le laurier du Kaiser » est une charge contre le Kaiser et les allemands, une exaltation du sentiment national et patriotique et  porte la dédicace suivante  « A ma sœur Madeleine, à mon frère Clément, en mémoire de notre Père le colonel Huc tombé en Belgique sous les balles allemandes »