Henri Pierre Alègre est né le 7 mars 1913 à Oloron de Paulino et de Joaquina Sanchez. Marié avec Victorine Peyriguère (1313-1998), il est cuisinier quand naît, en 1933, sa fille Claudine Josette Paulette. En 1936, il est admis comme élève garde-à-pied dans la garde mobile et part à l’école de Rambouillet. En décembre 1938, il est garde mobile à Bellac (Haute-Vienne) lorsqu’il accueille sa deuxième fille Danielle Josette. Il se trouve à Marmande (Lot-et-Garonne) quand la guerre éclate, sa femme revient alors dans sa famille, rue Saint-Grat à Oloron.
À la déclaration de guerre, beaucoup de gendarmes sont détachés dans les régiments pour servir à l’encadrement. Henri Alègre rejoint, avec le grade de sergent, le 214e régiment d’infanterie qui appartient à la 67e division d’infanterie. Après une période d’instruction, celle-ci est transportée en train à Belfort (Doubs). Le 214e est chargée d’assurer la défense de la ville.
Suite à l’avancée allemande, la 67e DI entame un repli vers le sud-ouest dans la nuit du 13 au 14 juin 1940. Le 15 juin, elle stationne au sud de Belfort dans la zone Grosne, Delle, Montbéliard. Le 16 juin, elle doit participer à une attaque en vue de dégager Besançon. « Le 214e RI arrive dans la nuit du 17 vers 23 heures à Pierrefontaine-les-Varans… La nuit se passe dans le calme le plus absolu, troupes et cadres peuvent enfin se reposer. La troupe est composée de réservistes pas suffisamment aguerris, ayant parcouru 120 km en 50 heures ». (Cédric Gaulard, http://memoire.denosperes.free.fr/Pierrefontaine.php)
« Le 18 juin 1940, 6 heures du matin, le 2e bataillon du 214e doit occuper et défendre le village de Pierrefontaine-les-Varans… 6 canons antichars sont placés aux extrémités du village tenant les débouchés. Des barrages sont organisés à toutes les issues. à 10 heures 30, la défense de la localité est complètement terminée. Les troupes commencent à peine à installer leurs positions individuelles de combat lorsque qu’un ordre de repli est donné. La compagnie de commandement est rassemblée et prend toutes les dispositions pour commencer son repli lorsque brusquement, la situation n’ est plus la même»… « à 14 heures, des bruits de moteurs assez sourds d’abord et semblant venir du sud, se firent entendre, puis se précisèrent ; 10 minutes plus tard, le service de guet situé dans le clocher de l’ église donne l’alerte au moyen d’un clairon. Une colonne motorisée ennemie, composée de deux side-car, d’une moto, de trois chars blindés, et d’une mitrailleuse de 20 mm sur plateforme, font leur apparition au carrefour situé à 200 mètres environ de l’entrée sud du bourg. Le détachement est immédiatement accueilli par le tir précis d’un canon de 25 mm et de nombreuses salves de mitrailleuses. Les trois éléments de tête sont aussitôt mis hors de combat, tandis que les blindés plus lourds cherchent à progresser par la partie ouest, dans la confusion la plus totale ». Une heure après, le village est encerclé par l’infanterie arrivée par camions. Les Allemands, ne pouvant déboucher dans le village, commencent un violent tir d’artillerie qui infligent de lourdes pertes aux troupes françaises. « L’ assaillant, occupant toutes les crêtes et possédant de nombreux observatoires, essaye sans y parvenir de neutraliser les tirs d’armes automatiques qui lui génèrent de nombreux dommages. Les défenseurs du village répondent à l’ennemi et lui rendent avec usure coup sur coup. »
Cependant, les munitions s’épuisent vite et ne sont pas remplacées. On attends la contre-attaque demandée et obtenue mais elle n’arrive pas. « … à 21h45, après avoir appelé auprès de lui tous les commandants d’unité et leur avoir exposé brièvement la situation ; l’impossibilité de continuer la lutte par faute de moyens matériels, le chef de bataillon Piard donne l’ordre de cesser la lutte.» Dans la nuit, il fut accompagné auprès d’un colonel allemand qui lui dicta les ordres de reddition. «Les armes et les équipements furent déposés devant la mairie et les troupes furent conduites dans un pré situé à 1500 mètres au sud du village. En revanche les médecins purent rester auprès des blessés afin de continuer à leurs prodiguer des soins. Alors que les plus graves seront évacués dans de brefs délais par une formation sanitaire, les 35 morts français furent inhumés par leurs camarades. » (Cédric Gaulard)
Décédé lors des combats du 18 juin 1940, Henri Alègre repose au cimetière communal de Pierrefontaine-les-Varans (Doubs). Son décès est transcrit à Oloron le 2 février 1943. Il a reçu à titre posthume la médaille militaire, Croix de guerre 39/45 avec étoile d’argent avec citation : « Sous-officier, adjoint dévoué, sérieux, consciencieux. A été tué glorieusement au combat de Pierrefontaine, le 18 juin 1940, en arrêtant l’infiltration d’un ennemi supérieur en nombre et en matériel » – Garde Mobile de la 17ème LGRM détaché avec le grade de sergent au 214ème RI ».