Estrabou Joseph

Estrabou Joseph-livretVictor Joseph Estrabou est né le 21 juillet 1907 à Goès de Jean et de Marie Larroque. Le 28 février 1930, il se marie avec Marthe Dogain (1907-1970). Ils habitent rue Labaraque, lui est mécanicien, elle bonnetière. Leur fil, Jean-Georges naît en octobre de la même année.
Fin mai 1940, Joseph Estrabou est dans les Flandres, sa fiche sur le site Mémoire des Hommes donne comme renseignement : « compagnie anti-chars ». Le programme d’armement prévoyait de doter chaque division d’infanterie de trois compagnies antichars. Elles pouvaient être rattachées à un régiment ou à une demi-brigade. Nous n’avons pas de précisions sur le régiment qu’accompagnait Joseph Estrabou.
Le 27 mai 1940, il est à Oignies, au nord de Lens et Douai (Nord). Avec des troupes anglaises, des éléments du 106e RI et du 11e régiment de Zouaves, il est chargé de protéger les entrées de la ville. « Les 16 et 17 mai 1940, les nouvelles étaient mauvaises, l’ennemi était signalé un peu partout, on le disait notamment à Douai. Les premiers réfugiés commençaient à sillonner les routes ; quelques habitants d’Oignies étaient déjà partis et ceux qui possédaient des moyens de locomotion faisaient leurs préparatifs de départ… Les maisons, vides de leurs occupants, se remplirent de fuyards, Belges pour la plupart, qui s’arrêtaient pour passer la nuit et repartir le lendemain vers leur calvaire inconnu. Leur nombre augmentait sans cesse, embouteillant les routes et créant les graves désordres de la circulation… Pendant ce temps, l’ennemi se rapprochait. Des pointes d’avant-garde étaient signalées dans les environs immédiates et les dispositions étaient prises pour la défense, qui s’avérait particulièrement difficile. Les obus venant de la direction d’Hénin- Liétard commencèrent à pleuvoir, surtout aux environs de l’église et de la place… Le dispositif de défense était constitué par une unité britannique, une compagnie du 106e régiment d’infanterie coloniale … Après 72 heures d’efforts et de combats meurtriers, les Allemands, tenus en échec par cette poignée d’hommes braves et résolus, renoncèrent à cette attaque de front et traversèrent la Deûle en amont et en aval pour prendre à revers et en tenaille les défenseurs du Pont de la Batterie. Ceux-ci voyant le danger, avaient décroché et s’étaient repliés…
Pendant ce temps, l’État-Major, qui jugeait importante la position d’Oignies, décidait d’y accrocher fortement l’ennemi et dépêchait le 11e régiment de zouaves pour prendre position et organiser la défense d’Oignies. Défense mémorable qui, les 25, 26 et 27 mai, sous les ordres du commandant Puharré, le héros d’Oignies, qui avait aménagé l’école libre Saint-Joseph en un fortin redoutable, fit payer cher à la Wehrmacht la prise de notre cité, retardant de quelques jours son avance. Temps précieux pour nos armés refluant sur notre port de Dunkerque ». (Wikipasdecalais.fr)
Dans la nuit du 27 au 28 mai, ils reçurent l’ordre de repli sur Seclin et Lille. Les Français ont perdu 35 soldats et les Britanniques 18. Joseph Estrabou figure parmi les morts. Il repose aujourd’hui dans le caveau familial au cimetière de Sainte-Marie d’Oloron.
Le 28 au petit matin, la Wehrmacht rentre dans Oignies. Accusant la population d’avoir participé aux combats, elle entreprend de faire sortir les habitants des caves où ils s’étaient réfugiés. Tuant sur place certains hommes, poussant les autres, les femmes, les enfants, les vieillards devant elle, elle vide peu à peu le village non sans continuer à massacrer ceux qui résistent tant soit peu. Vers 13h, méthodiquement, le feu est mis à toutes les maisons. De l’endroit où ils ont été rassemblés les villageois assistent impuissants à la destruction de tous leurs biens. Les hommes survivants furent envoyés prisonniers en Allemagne. 80 personnes de 17 à 70 ans furent
massacrées ce jour-là.