Roger Quittelier est né le 16 décembre 1913 à Mardeuil (Marne) d’Alfred et de Clara Bobsien, née à Hambourg (Allemagne). Au début des années 30, Alfred vient travailler comme comptable à Arudy et la famille s’installe en Béarn pour trois ans. Roger y rencontre sa future femme, Denise Hauret (1911-2001). Le couple se marie le 7 février 1936 à Oloron. Roger passe avec succès les épreuves de comptabilité de la Société comptable de France et obtient un emploi à Pau. Françoise naît en 1938.
Exempté du service militaire en 1934, il choisit de s’engager lorsque la guerre est déclarée. Le 28 octobre 1939, il est classé service auxiliaire par la commission de réforme de Pau. Après avoir fait ses classes, il est affecté au 171e régiment de forteresse le 23 mars 1940.
Le 171e RIF est une unité chargée de défendre la ligne Maginot dans le sud de l’Alsace. Le régiment est stationné à Mulhouse (état-major et deux bataillons) et à Altkirch (un bataillon). Dès le 24 août 1939, il prend position face au Rhin entre Sierentz et Folgensbourg. La troupe passe l’hiver à effectuer des travaux pour la construction et l’amélioration des blockhaus.
« Le 9 mai vers 21h, de très nombreux avions, volant en vagues successives à très haute altitude, franchirent les lignes. Les pièces d’artillerie de la DCA ouvrirent le feu sans résultat ; tout tir de notre part était inutile puisque nous ne disposions que de mitrailleuses de 8 mm… Devant l’inutilité d’une DCA la nuit, je donnais l’ordre de rentrer toutes les pièces et de se préparer à une attaque terrestre éventuelle. Le 10 mai au matin, le calme était absolu dans tout le secteur, mais des messages nous apprenaient le bombardement de nos aérodromes et l’invasion de la Hollande ; je fis rétablir les postes de DCA et réduire la circulation à l’essentiel mais il ne survint aucun incident. » Capitaine Karman, chef d’état-major du 1er bataillon.
Alors que la guerre fait rage à l’ouest et au nord, le secteur du 17e RIF reste calme jusqu’au la mi-juin. Le 15 juin, la 7e armée allemande franchit le Rhin face à Colmar menaçant directement le nord du secteur. Le 17 juin, le 171e RIF reçoit l’ordre de préparer son départ pour la nuit suivante. « Le 21e bataillon, le bataillon de réserve du 171e RIF, se retire des bords du Rhin, secteur fortifié d’Altkirch, et s’achemine dans la vallée de la Doller en direction de Masevaux. Il se dirige par étapes sur les hauteurs des Vosges où la résistance de l’armée d’Alsace doit s’organiser. Le 19 juin à 6h du matin, le bataillon arrive à Mortzwiller pour y cantonner provisoirement. La 1re compagnie, «Seveignes», renforcée par un canon anti-char de 25 mm, coiffe les lisières S-E. La compagnie d’accompagnement, «Robert», coiffe les lisières N-O avec 3 sections de mitrailleuses, la compagnie, «Perly», défend la crête au sud, la compagnie, «Faucher» interdit les débouchés des bois de la crête N-E. La puissance de feu du bataillon est renforcée par une douzaine de mitrailleuses retirées des blocs du bords du Rhin deux jours auparavant. Une barricade avec un canon de 37 mm est établie dans la rue principale. À 8 h, la 1re compagnie, positionnée au S-E, voit un petit détachement motorisé ennemi. Le feu est immédiatement ouvert. À 11h, les Allemands ne pouvant forcer l’entrée du village, font appel à leur artillerie auquel aucun contre-feu français répond… Des pertes françaises importantes sont enregistrées du fait du bombardement. L’infanterie allemande tourne alors le village par le nord et le sud et tente de progresser. Mais elle est clouée au sol par le tir des mitrailleuses et des fusils-mitrailleurs. Les deux mortiers, malgré un front large, barrent les accès du ruisseau encaissé… À 19h30, les Allemands progressent par petits bonds et s’approchent du village. Les positions des 1re et 2e compagnies sont forcées ; une partie est faite prisonnière, une autre parvient à se retirer en direction de Masevaux. La 3e compagnie et la compagnie d’accompagnement (CA) restent seules. Le capitaine Robert de la CA fait positionner deux Hotchkiss pour battre la rue principale. Quand soudain un brouhaha s’élève dans la nuit, en avant de sa position. Les Allemands poussent les captifs français devant eux en guise de boucliers. L’officier se retire 150 m en arrière et rejoint le reste de la CA, quasi encerclée et qui continue le combat jusqu’à 21h30, heure à laquelle les combattants se rendent. » (Jean-François Althaus, www.collectiffrance40.fr). Ce même jour, à quelques kilomètres de là, à Sentheim et à Guewenheim les 1er et 3e bataillon du 171e régiment de forteresse contribuent également à bloquer l’entrée de la vallée de la Doller. Ils seront capturés en quasi totalité. Le 26 juin, sur ordre, les restes du régiment sont regroupés sur Urbés et Bussang où ils déposent les armes après le cessez-le-feu et partent en captivité. Les pertes du 171e RIF entre les 17 et 26 juin sont estimées à 700 tués, blessés et disparus.
Roger Quittelier est tué le 19 juin à Mortzwiller en allant, sous de violents tirs de mitrailleuses ennemies, ramasser son lieutenant grièvement blessé.
Inhumé dans un premier temps à Soppes-le Haut puis transféré à Oloron, Roger Quittelier a été cité et décoré de la Croix de guerre avec palme le 31 juillet 1942.