Sode Pierre

Pierre Jean René Sode est né le 9 février 1909 à Pau de Jean, ouvrier télégraphiste et de Catherine Laubaret, couturière. La famille s’installe ensuite au Gabarn à Oloron. Le 3 décembre 1937, il épouse Tomasa Navarro (1910-1999).
À la mobilisation, il est affecté au 618e Groupe de Transport. Les régiments du train des équipages étaient chargés de tout ce qui concernait la logistique. En septembre 1939, avec le renfort des personnels mobilisés, ils éclatent en de nombreuses unités opérationnelles réparties dans diverses grandes unités : groupes de transport de matériel, groupes de transport de personnel, compagnies muletières, compagnies hippo ou auto mobiles de transport, compagnies sanitaires… Chaque escadron des groupes de transport est divisé en 4 compagnies : une hors rang chargé des services de l’escadron, une compagnie de transport doté de camion chargé du transport du matériel des unités et deux compagnies équipées d’autocars chargés du transport des troupes.
Nous ne connaissons pas le parcours de Pierre Sode ni à quelle unité il était rattaché. Le 19 mai 1940, il est à Douai. Peut-être était-il avec les divisions qui refluaient depuis Gembloux (Belgigue) ?
La ville de Douai est traversée depuis plusieurs jours par des milliers de civils belges qui fuient devant l’avancée allemande. Ils sont bientôt rejoints par les populations du Nord qui a leur tour essayent de quitter la région. L’aviation allemande vient semer la confusion en bombardant et mitraillant les colonnes de réfugiés. À 11h45 le dimanche 19 mai, les bombardiers allemands, cherchant les convois ferroviaires qui ramènent les divisions qui ont combattu au Pays-Bas et en Belgique, attaquent la gare de Douai où affluent à la fois convois militaires français et trains de réfugiés belges. « Les sifflements sont terribles, les dallages des caves se soulèvent. Le collège Saint-Jean, l’hôpital hospice sont endommagés par des bombes incendiaires… Quand l’attaque se termine un spectacle d’apocalypse s’offre aux yeux de ceux qui, impuissants, essaient de porter secours. La gare est pratiquement anéantie. Il se trouve que quelques temps auparavant des trains de réfugiés belges sont parvenus de Tourcoing. Les services locaux s’efforcent de les expédier vers Arras quand commence le raid. Les voyageurs descendent en catastrophe dans le souterrain croyant y trouver un abri sûr. Une bombe tombe précisément à cet endroit perforant les voies et le ballast qui le surplombe. Elle le transforme en véritable charnier… Sur la place de la gare, en face, les hôtels sont en flammes et ont disparu sur les personnes qui y ont trouvé refuge. Sur la place Carnot, la désolation est totale. Les arbres sont coupés net au niveau du sol. Les camions militaires qui se sont camouflés sous les frondaisons sont en train de se consumer. Il ne reste que des carcasses calcinées… L’incendie fait rage à l’hôpital où les derniers pompiers essaient d’évacuer les vieillards. Mais le summum de l’apocalypse se situe à hauteur de la porte de Valenciennes… Depuis le matin une colonne compacte mélangée de militaires et de civils descendait de la porte de Valenciennes Une bombe tombe sur un chariot de cultivateur et provoque un carnage… Des restes humains ou d’animaux, de têtes, d’objets personnels, de morceaux de véhicules pendent lamentablement aux branches des arbres et y resteront plusieurs jours. ( Pierre Thomas, Douai et sa région sous les bombes, Mai 1940, CES Editions, 2003).

On relève 169 morts civils et militaires qui sont inhumés en trois lieux différents : à la Clochette, à l’Hôpital militaire et à la Terrasse Notre-Dame.
En octobre 1940, les morts de l’hôpital militaire sont relevés et les actes de décès rédigés. Parmi eux, identifiable grâce à sa plaque, Pierre Dode, soldat au 18e RI, matricule 898 du recrutement de Pau.
Le 1er mai 1942, un nouvel acte de décès, rédigé par le secrétariat général du service des anciens combattants, rectifie le nom : Sode et non Dode. La transcription sur les registres de la ville d’Oloron sera effective le 20 août 1942.