Le 8e bataillon des chasseurs pyrénéens

De nombreux réservistes Oloronais furent affectés au 8e bataillon de chasseurs pyrénéens. Après une période d’instruction à Pau, celui-ci part vers Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) où il est chargé de surveiller la frontière avec l’Espagne. Franco restant neutre, le régiment est reformé à Bayonne pendant tout le mois de février 1940 avant de repartir vers Grasse dans les Alpes-Maritimes. Puis, après une nouvelle période de formation, il rejoint le secteur de La Turbie où il mène des travaux d’aménagement et de fortifications des positions défensives qu’il occupe.Ass_Trait_Union_Oloron_8e_BCP_10_mai_1940

Le 10 mai 1940, c’est une chaude journée ordinaire dans le sud de la France et un groupe d’Oloronais prend la pose. Tous survivront aux combats de juin 1940 mais certains seront fait prisonniers, d’autres s’engageront plus tard dans la Résistance ou, passant par l’Espagne, rejoindront les Forces françaises libres en Afrique du Nord.

Au dos de la photo, Joseph Mouliot a consciencieusement noté le nom de ses camarades.De gauche à droite.
En haut : 1-Étienne Martin, 2-Espil, 3-Larquier, 4-Navarret, 5-Caminau, 6-Jean de Riquer, 7-Lopez, 8-Claverie, 9-Chot, 10-Garcia, 11-Lasserre, 12-Joseph Mouliot
Au centre : 1-Armagnac, 2-Bergeras, 3-François Marestin, 4-Carsuzaa, 5-Chaussade, 6-Labarthe, 7-Coarraza, 8-Moulia, 9-Inconnu, 10-Thamtham, 11-Bouillon, 12-Largenté, 13-Jean-Louis Poey,14-Pédecuyeux, 15-Loustalot, 16-Acin, 17-Alimen
En bas : 1-Castagné, 2-Tucat, 3-Quérillacq, 4-Estanguet, 5-Etcheverrygaray, 6-Salinas, 7-Labat,8-Urieta et le chien Mollo, 9-Barthalou

Le 12 juin, nouveau départ en train pour les hommes et les mulets. Cette fois vers le nord, destination d’abord Montargis (Loiret) puis, par des routes encombrées de civils et de militaires qui retraitent, vers la Seine entre Fontainebleau et Montereau. « Après une longue marche, on nous fit nous arrêter en campagne… de nouvelles positions furent entreprises » (J. De Riquer, Oloron). La situation est difficile, l’intendance n’arrive pas à suivre, la faim et la soif font leur apparition et les officiers ont du mal à tenir leurs troupes. Dans l’après-midi, les motocyclistes et les chars allemands sont visibles sur les collines dominant la Seine. Le soir, sans avoir tiré le moindre coup de fusil, sans avoir entendu la moindre artillerie, les chasseurs doivent décrocher et repartir à pied vers Nemours. Là, des camions les attendent et le parcours continue avec le flot de réfugiés. « La petite route entamée vers le sud était surchargée d’une procession de voitures à cheval, à bœuf, à âne, automobiles, motos, tous ces véhicules mélangés à une foule de piétons de tous âges et tous, piétons ou véhicules surchargés de ballots. On voyait parfois une aïeule sur quelque voiture attachée avec des cordes sur un matelas, par dessus des malles, des cages à poules caquetantes suspendues sous des chars, des vaches, des veaux encordés, des gens fatigués couchés dans les fossés…» De temps en temps, le convoi étiré sur plusieurs kilomètres s’arrête. Les chauffeurs cherchent du carburant, les soldats de la nourriture. Un peu avant Sully-sur-Loire, vers Lorris « le ciel se mit à gronder, non pas comme il le faisait quelques instants auparavant du fait de l’orage qui semblait nous suivre, mais de vrombissements de moteurs. Bientôt des avions… furent à la verticale de la route. Les premières bombes, les premiers hurlements, les premières chutes de débris de toute sorte… En entassements humains nous comblions les fossés. Une explosion proche nous fit comprendre que déjà nous avions nos premiers morts, nos premiers blessés. Les avions remontaient l’axe de la route dans l’assourdissement des éclatements, de colonnes de flammes, des cris éperdus. Quelques instants plus tard, ayant fait demi-tour, le vol de ces oiseaux piqua sur nous ; ils nous mitraillèrent, s’éloignèrent, nous remitraillèrent puis disparurent » (J. de Riquer). Les Oloronais Julien Marestin,Louis Lartigue et René Lahayre sont tués lors du bombardement.